mardi 20 mai 2014

Le tournoi



L'opposition du noir et du blanc prend une valeur hautement symbolique dans la littérature médiévale. Les élèves de 5e l'ont bien compris, comme vous pourrez le voir en lisant ces rédactions dont le sujet était :

Raconter un tournoi sur le thème du noir et du blanc. Utiliser le vocabulaire médiéval. Un passage doit être rédigé au présent de narration.


Premier tournoi
   

Le tournoi pour célébrer l'anniversaire de la reine Guenièvre tombait bien car il fallait que Perceval, le jeune homme que Lancelot avait rencontré dans les sombres bois, fasse ses preuves. Il avait battu tous les chevaliers qui avaient osé le défier et même le roi Arthur en personne. Lancelot, contrairement aux autres, voulait voir, avant de l’affronter, comment Perceval combattait. Ce dernier se battait seulement avec une grande lance au fer d’argent, un écu étincelant et un magnifique destrier à la robe blanche. D’autres l’auraient trouvé ridicule ou naïf, mais il se battait avec une telle puissance et une telle bravoure qu’on aurait dit qu’il avait fait cela toute sa vie.

Ce fut enfin le tour de Lancelot qui trépignait d’impatience. Celui-ci voulait voir de quoi Perceval était capable. Même après avoir combattu une trentaine des meilleurs chevaliers, il ne laissait apparaître aucune trace de fatigue. Lancelot lui accorda quelques minutes pour se reposer. Il observait ses faits et gestes, mais n’arrivait pas à comprendre comment un damoiseau pouvait se battre aussi bien. Il se dirigea lentement mais sûrement vers le centre de la cour, sur son grand destrier noir et menaçant, pour attendre son adversaire. Perceval, quant à lui, n’était pas pressé de combattre celui qu’il considérait comme son maître. Quand il fut à son tour au centre, sur son cheval à la robe ivoire, les olifants résonnèrent.

Le combat commence. Lancelot fait pleuvoir les coups d’épée sur le pauvre écu de Perceval qui semble près de se briser. Lancelot croit apercevoir une faille dans la défense du jeune homme et tente de porter son coup imparable. À son grand étonnement et à celui du public, Perceval le pare sans difficulté avec le manche de sa lance et, comme si son arme était le prolongement de son bras, projette sa lance étincelante vers le flanc de Lancelot qui a la bonne idée de pousser son cheval vers la droite. Malgré cela, la lance se fige dans la cotte de mailles de Lancelot. Perceval, horrifié par son geste et par la pâleur du visage de Lancelot, saute de son cheval et vient s’agenouiller devant son maître.

« Oh mon Dieu ! Messire, je n’ai pas voulu vous blesser ! Pardonnez-moi.
- Ce n’est qu’une égratignure, dit Lancelot en relevant Perceval. Tu viens d’accomplir un acte qu’aucun des chevaliers de ce royaume n’a jamais fait de toute sa vie. »

Lancelot, émerveillé par l’exploit de Perceval, le prend dans ses bras sous les applaudissements et les cris de joie de la foule. Ce soir-là, Perceval assista à un vrai festin autour de la table ronde. Désormais, ce fut Perceval le meilleur chevalier de la table ronde et de la cour du roi Arthur. Tout le monde était content, mais l’obscur Mordred, lui, broyait du noir de savoir qu’un si jeune homme qui n’était même pas chevalier avait gagné la confiance du roi Arthur, alors que lui, son propre fils, n’avait jamais eu cette chance.






Deuxième tournoi





Le roi Arthur en tournoi

Méléagant proposa au roi Arthur de faire un tournoi avec, en premier lieu, des duels, pour savoir qui était le meilleur à l’épée, et ensuite des joutes. Le roi releva le défi. Le félon soumit alors son idée : « Si je gagne, l’innocente Guenièvre est à moi, mais si je perds, je me livre à vous. »

Le tournoi eut lieu à Camelot deux semaines plus tard. Tous les chevaliers du roi furent invités. Ce que le roi ignorait, c’était que Méléagant avait prévu de l’enlever pour le faire passer pour un lâche, devant Uther, son père, mais aussi devant la cour.

Méléagant fit appel à Morgane, la demi-sœur d’Arthur, qui était une maîtresse des ténèbres. La tâche serait difficile car Morgane était bannie du royaume, et Arthur protégé par des gardes menaçants et bien armés.

Quelques jours avant le tournoi, le roi partit à la chasse avec son père, ses chevaliers et Méléagant. Soudain, une magnifique biche couleur ivoire apparut. Le roi lâcha les chiens et se jeta à sa poursuite. Ce qu’il ignorait, c’est que la biche était Morgane. Le roi tomba dans le piège. Quand il se réveilla, il était dans une tour sombre que n’éclairait qu’une toute petite fenêtre. Il s’y pencha et aperçut deux lions qui rôdaient en bas, sur les bords des douves. Il frappa de toutes ses forces sur la petite fenêtre. Elle finit par céder. Il se pencha et sauta dans l’eau sombre. Arrivé sur la berge, il chercha les fauves, mais ne les vit nulle part. Il avait sans doute été victime d’un mauvais sort.

Il courut alors de toute la vitesse dont il était capable. Arrivé à Camelot, il se précipita à l’endroit où avait lieu le tournoi. Son père était là, vêtu d’un manteau en hermine orné d’une fleur de lys. Méléagant était là, lui aussi.

Aucun mot n’existe pour désigner la rage que le roi éprouve. Quelqu’un lui tend une épée. Il la prend et se précipite sur Méléagant, sa bête noire. Son adversaire pare quelques coups, mais le roi est tellement furieux qu’il envoie son ennemi vers la lumière de Dieu.

Le soir, à la cour, un grand banquet fut organisé en l’honneur du vainqueur. Rien ne manquait, sauf Méléagant.







Troisième tournoi



Le roi Arthur défia Lancelot dans un combat à mort pour gagner la main de Guenièvre. Les deux chevaliers, qui étaient auparavant de si bons amis, devinrent deux rivaux et n’osaient même plus se parler.

Quelques jours plus tard, une joute fut organisée dans une clairière, au beau milieu d’une forêt si obscure que même la lumière ne pouvait la traverser.

La reine Guenièvre, accompagnée de ses servantes, prit place sur l’estrade. Il y avait aussi de nombreux chevaliers et des seigneurs qui venaient admirer le combat.

Arthur arriva, accompagné d’un valet, il montait un fier destrier caparaçonné. Il était vêtu de sa plus belle armure. En effet, le roi portait un surcot blanc brillant de mille feux et un heaume d’une solidité inouïe. Quant à son armement, il avait bien sûr Excalibur, mais aussi une masse d’arme si grande que lui seul arrivait à la porter. Dans son dos était accroché son écu échiqueté de noir et de blanc. Il se tourna vers l’estrade.

Lorsque Lancelot arriva, accompagné de son fidèle écuyer, son armure était splendide. Il tenait en main une épée et, à sa taille, était accrochée une hache. Son surcot était noir. Lancelot montait un fougueux destrier couvert d’un drap sombre alors que son écuyer chevauchait un vieux roncin. Le chevalier salua la reine, puis des trompettes retentirent. Un valet donna à chaque chevalier une lance. Ils prirent place et un héraut dit à voix haute : « Oyez, oyez gentes dames et gentilshommes. Ici débutera la joute entre messire Lancelot du lac et notre roi Arthur Pendragon. »

Les deux chevaliers se fixaient droit dans les yeux avec un regard noir. Ils foncèrent l’un vers l’autre au triple galop. Le premier coup transperce l’écu de Lancelot, mais celui-ci riposte avec sa hache brillante en fendant le heaume d’Arthur qui descend alors de son cheval pour continuer la lutte à pied. Lancelot en fait autant. Le roi soulève son énorme masse d’arme et entaille l’armure de Lancelot qui eut si mal qu’il s’écroula par terre. Arthur prit Excalibur et la pointa sur le cou de son adversaire. Le roi pouvait tuer ce chevalier d’une minute à l’autre, mais il eut pitié de lui et lui laissa la vie sauve. Lancelot s’en tira blessé mais vivant. Il comprit alors qui était le maître du tournoi.